La MBSR (Mindfulness-based stress reduction) est un programme de réduction du stress par la méditation de pleine conscience. Aujourd’hui, Juliette Blanche, est formatrice en Mindfulness et instructrice MBSR nous présente le parcours inspirant de Caroline, l’une de ses patientes qui s’est transformée au fur et à mesure des séances de MBSR. Un programme riche en prises de conscience !
L’entretien individuel
Lorsqu’elle est arrivée à l’entretien individuel, Caroline (prénom modifié), s’est présentée comme une jeune maman active avec des enfants en bas-âge.
A la recherche d’un meilleur équilibre entre sa vie privée et sa vie professionnelle, elle déplore l’absence de communication avec son mari, le manque de sens dans son travail, la course permanente contre la montre, les sorties,…elle se sent dépassée et ne sait pas par quoi commencer pour sortir la tête de l’eau.
Elle se dit épuisée physiquement, ses épaules sont voûtées, et je crois lire une forme de tristesse dans son regard. Je perçois, au travers de ses propos, qu’elle cherche à l’extérieur des réponses qui sont peut-être simplement à l’intérieur d’elle-même…
Je suis heureuse de la voir car elle était venue assister à un atelier découverte plusieurs mois auparavant, j’avais ressenti alors sa fragilité et je suis émue de voir qu’elle a franchi le premier pas…
La première séance
La première séance du programme se déroule une semaine plus tard, en compagnie du reste du groupe constitué de 8 personnes. Les pratiques que je présente surprennent, les premiers échanges ont lieu autour d’un grain de raisin sec que nous apprenons à percevoir avec tous nos sens : c’est tellement réjouissant de voir la surprise, le plaisir se lire sur les visages et en particulier sur celui de Caroline qui semble découvrir le pouvoir de l’instant présent c’est à dire être dans l’instant, le savourer, sans rien faire!
D’une séance à l’autre…
Entre chaque séance (il y en a 8 ainsi qu’une journée complète), je demande aux participants de pratiquer un minimum de 35mn par jour à l’aide d’enregistrements que je leur fournis…Imaginez simplement ce regard mêlé de surprise et de quasi désespoir à l’idée de s’accorder 35 mn par jour… « je n’y arriverai jamais » , « c’est impossible, » Caroline : « comment vais-je faire entre mes enfants, mon boulot, mon mari qui ne comprennent pas que j’ai besoin de temps pour moi »…Et pourtant, les semaines passent et elle va y arriver, comme les autres d’ailleurs! Pas tous les jours, parfois en coupant la pratique en deux, mais surtout en développant peu à peu envers elle-même une attitude plus douce, plus attentive, une attitude sans jugement.
La journée complète : en silence, seule mais tous ensemble…
Ils arrivent les uns après les autres, parlant plus que d’habitude car ils savent que le reste de la journée sera en silence. Caroline a apporté une salade, la dépose parmi tous les plats apportés et prend sa place sur son coussin, enveloppée dans un plaid. Elle a l’air serein, après 6 semaines de pratique, son buste s’est redressé et un doux sourire repose sur ses lèvres. Nous démarrons la journée sur une méditation en musique, ce qui est nouveau pour la plupart et permet de mettre l’accent sur l’un des aspects fondamentaux de notre pratique : la curiosité du débutant.
Et la journée va se dérouler ainsi avec enchaînement de pratiques nouvelles et de pratiques déjà connues. Le silence permet de soutenir la pratique et aide chacun à descendre un peu plus profondément en méditation.
Le déjeuner en silence est pour moi, à chaque fois, un moment très émouvant et très agréable. Goûter des plats apportés avec une telle générosité, sans toujours savoir ce que c’est… Penser au temps que certaines personnes ont passé à cuisiner, ressentir les saveurs, observer les couleurs et bien sûr se mettre à l’écoute de nos ressentis corporels : ai-je encore faim? quel bruit est-ce que je fais en mangeant? Quelle odeur et quel goût me plait, me surprend?
Après le déjeuner, quelques exercices de Qi Qong nous redonne de l’énergie avant d’alterner assises et marches.
Le silence est rompu progressivement, en chuchotant, par groupe de deux puis de quatre. Quelques rires fusent, c’est une joie calme qui semble à présent régner dans la salle. La connexion qui s’était établie entre les participants au cours des séances précédentes s’est cristallisée pendant cette journée où des gestes ont remplacé les mots. Le silence ayant poussé chacun à être prévenant avec l’autre et le groupe.
Pour conclure cette journée, nous faisons un rapide échange de groupe qui donne à chacun l’occasion de parler devant tous : Caroline parle de l’apaisement qui s’est peu à peu installé, de la confiance qui a grandi en elle dans sa capacité à s’apaiser. Cette journée lui a permis de lâcher prise alors qu’elle ne pensait pas qu’elle pourrait prendre du temps pour elle…
8 semaines après
Et c’est ainsi que je vois Caroline s’épanouir au fil des semaines comme une fleur qui s’ouvre sous la douce chaleur du soleil, un grand sourire sur le visage, le dos qui se redresse, les épaules qui s’ouvrent…car elle a su pour prendre du recul par rapport à son quotidien, envisager des possibilités qu’elle ne voyait pas, noter sa réactivité par rapport à certaines situations, certaines personnes…
En bref sa vie n’a pas changé mais son expérience de la vie a changé, sa manière d’être reliée à elle-même, aux autres et au monde…
Pour la dernière séance, c’est Caroline qui propose que chacun apporte quelque chose à boire ou à manger, c’est elle aussi qui crée un groupe WhatsApp pour garder le contact, échanger des adresses de retraite, se tenir au courant de l’actualité de la Mindfulness…comme les choses ont changé ! Et pourtant ce sont les mêmes personnes qu’au début du programme MBSR… Les mêmes visages, à présent illuminés par une douce lumière intérieure…
Quel beau parcours que celui de Caroline qui a su apprendre avec patience à se consacrer du temps afin d’être plus disponible pour ceux qu’elle aime, pour ceux avec qui elle travaille…
Je l’ai revue 6 mois plus tard. Elle avait choisi de suivre une formation en marketing digital et de chercher un nouvel emploi dans une organisation internationale porteuse de sens pour elle. Dans sa cellule familiale, elle avait commencé à faire bouger les lignes en exprimant davantage ses besoins, ses envies, ses inquiétudes…Son engagement auprès d’une association caritative est monté en puissance et elle en est devenue présidente…
Cette belle histoire, qui est celle de milliers de personnes à travers le monde, est une leçon de vie. Elle nous apprend que tout est là en nous-même, que nous pouvons jour après jour développer une confiance dans notre capacité à grandir et à embrasser le monde plus sereinement.
Un mot sur l’auteure de l’article
Juliette Blanche est formatrice en Mindfulness et instructrice MBSR (Mindfulness-based stress reduction), programme de réduction du stress par la méditation de pleine conscience. Elle a suivi un parcours de formation au CFM (Center for Mindfulness) de Jon Kabat Zinn à Boston (USA) ainsi qu’au CMRP (Center for Mindfulness Research and Practice) de l’Université de psychologie de Bangor (Royaume-Uni).
Confrontée à la maladie à l’âge de 20 ans, elle a eu la chance de suivre le stage MBSR à l’hôpital de la Pitié-Salpétrière proposé par le professeur Corinne Isnard-Bagnis.
Désireuse de trouver à travers la médecine complémentaire des moyens d’améliorer sa santé, la pleine conscience lui a apporté une réelle augmentation de son bien-être et de ses relations aux autres. Elle a ensuite décidé naturellement de transmettre ce bien-être au plus grand nombre; de faire découvrir et partager la Mindfulness à travers différents types de formation adaptés aux besoins des particuliers, du monde de l’entreprise et du milieu hospitalier.
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